Journal de confinement, extraits choisis n°1

Bonjour,

Chaque jour, j'écris une page manuscrite.
Dès le premier jour, j'ai ouvert mon carnet de voyage et j'ai écrit comme les mots venaient.


C'était une impérieuse nécessité pour laquelle je ne me fixais aucune règle.



En même temps, je me suis inscrite à un groupe d'écriture.
Mais là n'était pas "mon voyage" en cette terre inconnue de pandémie. Je ressentais le besoin de garder cet espace de liberté sans contrainte et en totale immersion dans mon histoire personnelle.
Depuis 25 jours que j'ai rendez-vous chaque matin avec cette page d'écriture, je le ressens comme 
un temps personnel
un temps où je pose mon cadre
un temps où les mots créatifs sont une fenêtre hors des pesanteurs 
un temps où je fais mémoire d'un bouleversement  

Très vite, j'ai choisi d'être focus sur une seule histoire par jour (à partir du jour 9).
Comme si la durée du confinement m'invitait à porter plus d'attention à une seule chose à la fois, à ne pas m'éparpiller, à me sentir bien présente à ce moment là, à cette histoire là.

Je ne sais si c'est une échappatoire ou son contraire, une contrainte libératoire.
Je sais juste combien ce moment suspendu d'écriture me fait du bien.
J'écris le matin au temps de mon petit déjeuner.
Il n'y a qu'un seule page chaque jour.
Mes fidèles outils en écriture sont un simple carnet, un crayon (et pas un autre), un surligneur et mon dateur.

En ouvrant mon carnet à la page du jour le matin, je ne sais quel en sera le thème.
Je laisse aller ma mémoire sur la journée de la veille jusqu'à ce qu'un détail, un moment attire mon attention.
Le choix est subjectif et ne dépend pas de l'importance de l’histoire.
J'écris alors un titre à ma nouvelle page et l'écriture se poursuit de lignes en lignes.


A ce doux et bénéfique travail d'écriture, je viens ajouter des photos.
Il y a des photos qui témoignent des instants de vie. Et il y en a d'autres qui sont le reflet de mes émotions, plus symboliques.


J'ai longtemps hésité à vous partager mon témoignage personnel.
Je ne souhaitais pas apporter un peu plus d'anxiété sur la toile.
Pourtant, je sais combien vous aimez mes récits de vie, vous en appréciez l'authenticité, vous me dites y trouvez la justesse des mots.

J'ai choisi de vous partager des extraits.
Un jour, un titre, une page, une photo.
Photo et écriture sont deux histoires différentes qui éclairent ma vie avec ma sensibilité.

Retour sur la première semaine dont le récit est rythmé par la nouvelle vie qui s'organise.



Jour 1
Mardi 17 Mars 2020
"Midi"
Jour du confinement total.
C’est le silence qui a été le signe que désormais l'heure était grave.
.
Avant il y avait encore un va-et-vient certain de voitures dans la rue.
Il fait beau ce matin et nous avons les fenêtres ouvertes. À regarder dehors, il y a des sportifs des personnes qui marchent dans la rue. C’est presque comme un jour normal.
Passer midi, ce sont les oiseaux que l’on entend et les cloches de l’église proche qui résonnent dans le silence.
Nous n’entendons pas de jeux d’enfants ou de rire venant de jardin particulier. Tout semble comme tétanisé.
 #PrenezSoinDeVous





 Jour 2 
Mercredi 18 Mars 2020
"C’est son anniversaire."
La matinée commence avec le passage à la boulangerie pour acheter son gâteau d’anniversaire. L’accueil a été aménagé pour n’avoir qu’une seule personne à la fois en magasin et en évitant les contacts. Je ressens toute l'inquiétude de Carole la boulangère.
Le silence dans le jardin est toujours aussi frappant.
Il y a les signes du printemps ça pousse dans les jardinières, les oiseaux chantent et on les entend bien.
JF, en ce jour anniversaire de ses 56 ans, répond aux nombreux coups de fil, plus nombreux et plus longs que d'habitude.





Jour 3
Jeudi 19 Mars 2020
"Metz-Nancy"

Je fais l’aller retour sur Nancy pour les derniers travaux de réparation de l’appartement de Gabrielle. L'artisan a l'autorisation de travailler.
La route, habituellement chargée de l'A31, est fréquentée essentiellement par des camions. Il y a bien quelques forces de l'ordre pour contrôler les attestations réglementaires de sortie.
Au retour je fais les courses au supermarché. Quelques rayons sont vides mais dans l’ensemble je repars avec tout ce qu’il faut pour remplir le frigo et nos assiettes.
La vie universitaire de Gabrielle s'organise aussi. 






Jour 4 
Vendredi 20 Mars 2020
"Mobilité"

Je me mets enfin au travail.
Ce n’est pas simple.
Il y a le quotidien des taches ménagères.
Il y a mon environnement de travail. J’ai laissé mon bureau à Gabrielle. C’est désormais sa chambre et son bureau.
Je travaille en mobilité à l’intérieur même de mon appartement. Le matin je suis sur le bout de la table de salle à manger, que je partage avec mon mari en télétravail. L’après-midi,je m’isole dans le salon. Et en fin de journée, je regagne à nouveau la table de salle à manger pour un temps de formation en ligne le plus souvent.
Je bouge sans cesse mon matériel et ce n’est pas satisfaisant. Je suis encore déstabilisée tant physiquement que sur les choix à faire pour vivre professionnellement cette période.






Jour 5
Samedi 21 Mars
"#prends soin de toi"

Chacun s'isole avec ses écouteurs.
Nous apprenons, ré-apprenons à vivre les uns avec les autres 24h sur 24.
Nous nous retrouvons pour les repas, les temps de cuisine et la fin de journée entre sports et informations en suivant sur France 5, "C à Vous" avec Anne-Elisabeth Lemoine.
Mauvaise idée du jour: Finir la soirée en regardant à la TV les dernière infos sur le COVID 19. Le sommeil sera long à venir.




Jour 6
Dimanche 22 Mars 2020
"Jouer versus Gagner"

Chacun semble avoir trouver sa routine
Nous sommes 3 adultes.
Certes nous sommes en appartement mais chacun y trouve son espace

Aujourd'hui est le dernier jour des congés de JF.
Je lui propose comme souvent une partie de scrabble, un des rares jeux qu'il affectionne.
Je sais par avance que je vais perdre.
Mais pour une fois, je vais le faire avec mauvaise grâce. C'est le moment pour essayer de comprendre comment j'ai été "formatée" pour ce jeu. Mon but est de créer avant tout des mots pour utiliser ma pioche. Je n'anticipe pas les opportunités, les coups gagnants en ajoutant un pluriel à un mot par exemple.
J'apprends au contact du jeu de Jean-François mais ce n'est pas ma vision naturelle du jeu.




Jour 7
Lundi 23 Mars 2020
"Bon, ben, j'ai des signes depuis ce matin"

Depuis le début de la pandémie, c'est ce que je redoutais: apprendre la maladie d'un proche.
La première nouvelle vient de ma fille.... infirmière.
Elle est rassurante... et je me rassure en me disant que depuis sa naissance c'est une sacrée guerrière.
Je t'aime ma chérie.





Je vous souhaite de trouver votre voix, votre manière de vivre les temps présents.
Il n'y en a qu'une seule d'idéale, celle que vous vous inventerez.
Je crois que ce que nous vivons nous invitent à nous adapter pour passer les jours, les épreuves.
N'hésitez pas à réagir, à m'apporter votre témoignage si vous le souhaitez.

Agnès








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