Bonjour,
La vie en période de confinement n'a rien de linéaire.
En écrivant mon journal, je ressens combien chaque semaine a sa propre tonalité.
Les événements et les émotions qui s'y attachent me font vibrer avec intensité et sur une très grande palette.
Il y a là comme un condensé de la vie.
Je vous remercie de l'accueil à mon premier partage de ma vie de confinée.
Cela m'a touchée de vous entendre dire qu'au delà de réalités et de sensibilités bien différentes, nous nous rejoignions sur ce qui fait notre humanité ... nos émotions, nos sentiments.
Cette deuxième semaine que je vous partage est la plus difficile à ce jour que j'ai traversée.
Ici il n'est plus question de s'organiser pour vivre le confinement mais bien plus de sentir ce que la pandémie provoque: inquiétude, attente, deuil.
La présence de la maladie a fait son irruption dans notre quotidien.
Il y a ma fille malade et la maman d’une amie.
L’état de santé de l’une et l’autre ne sont pas les mêmes mais l’inquiétude est présente avec cette maladie dont on ignore encore beaucoup de choses.
Pourtant chacun est fort occupé.
Jean-François est de permanence à son bureau.
Gabrielle suit son rythme de travail comme elle se l’était planifié.
J’ai trois rendez-vous de formation en ligne pour la journée.
J’ai aussi pu partager mon inquiétude sur la santé de ma fille dans des espaces virtuels ou lors de différents coups de téléphone.
Il y aurait comme deux mondes, ceux qui vivent au rythme de l’attente des nouvelles de santé de proches malades et les autres, heureux confinés épargnés.
Gabrielle a mal dormi.
Elle a respecté strictement le confinement et n'est pas sortie depuis une semaine.
Il y a l'attente des nouvelles de ma fille infirmière, au rendez-vous de 17h.
Aujourd'hui, on passe du temps ensemble toutes les deux , pour se faire du bien, se tenir "chaud".
Un peu de rangement, une petite balade au pied de l'immeuble, un instant cuisine vont nous réunir.
7h30 réveil
9h rituel du matin avec petit déjeuner, traitement des photos de la veille, écriture
10 h formation
11h30 préparation du repas, linge, maison
12h30 repas
13 h informations à la télé, bain de soleil sur le canapé
14 h conférence en ligne
15 h sortie avec Gabrielle
16 h formation en ligne avec Empara
18 h rendez-vous téléphone
19h00 repas du soir devant la télévision avec Anne-Élisabeth Lemoine sur France 5
20 h à la fenêtre pour applaudir
21 h film du soir
Pas eu encore le temps (ou l'énergie) pour
la lecture
le Scrap
se reposer
Documenter la vie même quand les temps sont troublés, flous.
Documenter mes émotions
Parce que faire mémoire est la passion qui m’anime devant le temps qui passe.
"le COVID 19 est là"
Il est là, à tuer la maman de Lucie dans la solitude d’un lit d’hôpital.
Il est là à résigner Lucie et sa famille à un accompagnement et un adieu virtuel, lointain.
Il est là dans l’attente des résultats de notre fille Floriane.
Positif, il faudra attendre pour savoir si elle échappe à des complications.
Négatif elle retournera au front, aux soins des enfants, comme elle le fait avec passion.
Il est là dans les courses que je fais ce jour pour moi mais aussi pour une voisine âgée et pour une maman solo dont les enfants ne sont pas les bienvenus en magasin.
Il est là dans l’exaspération qui gagne Gabrielle à la vue des semaines des semaines de confinement à venir. Elle n’a jamais imaginé que cela serait si long.
Il n’est pas là dans les résultats négatifs de ma fille au test de dépistage.
Pour continuer le confinement
Pour garder espoir quand certains sont malades
Pour penser et prier pour ceux qui affrontent le deuil
Le 5e jour, celui où la maladie peut se déclarer après une contamination.
Le 8e jour, celui où la maladie peut s’aggraver après une phase où les symptômes semblent même parfois diminuer
Le 14e jour, celui où on est sauf en l’absence d’aggravations.
Et Nicole, ma tante, malade est à son huitième jour de fièvre à 39°.
Et nous sommes en confinement depuis 13 jours
Et ce matin Lucie m’informe dans un SMS le décès de sa maman.
En l'annonçant à Jean-François, mon mari, nous nous prenons dans les bras l’un de l’autre.
Nous sommes si démunis et impuissants, si tristes.
Notre présence continue à l'appartement, les habitudes journalières qui semblent bien installées sont bénéfiques pour Newton, notre chat.
Il est partout où je suis.
Sur le bout de lit quand je m'y installe pour téléphoner.
Il est sur les chaises ou à même la table quand je suis en cours de travail sur mon ordinateur.
Il est dans le salon quand nous nous y retrouvons pour écouter les infos.
Il m'accompagne sur le balcon situé au nord où je vais étendre presque chaque jour le linge lavé.
La nuit venue, si la porte de notre chambre reste ouverte, il prend place de mon côté du lit, dans son panier, en ronronnant.
Il est notre part d'insouciance.
Je vous espère en bonne santé.
A l'heure de cet article ( J 32 ), c'est un temps curieux , plus apaisé pour nous ici.
Nous sommes en attente .
Agnès
La vie en période de confinement n'a rien de linéaire.
En écrivant mon journal, je ressens combien chaque semaine a sa propre tonalité.
Les événements et les émotions qui s'y attachent me font vibrer avec intensité et sur une très grande palette.
Il y a là comme un condensé de la vie.
Je vous remercie de l'accueil à mon premier partage de ma vie de confinée.
Cela m'a touchée de vous entendre dire qu'au delà de réalités et de sensibilités bien différentes, nous nous rejoignions sur ce qui fait notre humanité ... nos émotions, nos sentiments.
Cette deuxième semaine que je vous partage est la plus difficile à ce jour que j'ai traversée.
Ici il n'est plus question de s'organiser pour vivre le confinement mais bien plus de sentir ce que la pandémie provoque: inquiétude, attente, deuil.
Jour 8
Mardi 24 Mars 2020
"Ça n’arrive pas qu’aux autres."
Il y a ma fille malade et la maman d’une amie.
L’état de santé de l’une et l’autre ne sont pas les mêmes mais l’inquiétude est présente avec cette maladie dont on ignore encore beaucoup de choses.
Pourtant chacun est fort occupé.
Jean-François est de permanence à son bureau.
Gabrielle suit son rythme de travail comme elle se l’était planifié.
J’ai trois rendez-vous de formation en ligne pour la journée.
J’ai aussi pu partager mon inquiétude sur la santé de ma fille dans des espaces virtuels ou lors de différents coups de téléphone.
Il y aurait comme deux mondes, ceux qui vivent au rythme de l’attente des nouvelles de santé de proches malades et les autres, heureux confinés épargnés.
Jour 9
Mercredi 25 Mars
"Une journée avec Gabrielle"
Elle a respecté strictement le confinement et n'est pas sortie depuis une semaine.
Il y a l'attente des nouvelles de ma fille infirmière, au rendez-vous de 17h.
Aujourd'hui, on passe du temps ensemble toutes les deux , pour se faire du bien, se tenir "chaud".
Un peu de rangement, une petite balade au pied de l'immeuble, un instant cuisine vont nous réunir.
Jour 10
Jeudi 28 mars 2020
"Pas un instant de libre"
9h rituel du matin avec petit déjeuner, traitement des photos de la veille, écriture
10 h formation
11h30 préparation du repas, linge, maison
12h30 repas
13 h informations à la télé, bain de soleil sur le canapé
14 h conférence en ligne
15 h sortie avec Gabrielle
16 h formation en ligne avec Empara
18 h rendez-vous téléphone
19h00 repas du soir devant la télévision avec Anne-Élisabeth Lemoine sur France 5
20 h à la fenêtre pour applaudir
21 h film du soir
Pas eu encore le temps (ou l'énergie) pour
la lecture
le Scrap
se reposer
Jour 11
Vendredi 27 mars 2020
"le COVID 19 est là"
Documenter mes émotions
Parce que faire mémoire est la passion qui m’anime devant le temps qui passe.
"le COVID 19 est là"
Il est là, à tuer la maman de Lucie dans la solitude d’un lit d’hôpital.
Il est là à résigner Lucie et sa famille à un accompagnement et un adieu virtuel, lointain.
Il est là dans l’attente des résultats de notre fille Floriane.
Positif, il faudra attendre pour savoir si elle échappe à des complications.
Négatif elle retournera au front, aux soins des enfants, comme elle le fait avec passion.
Il est là dans les courses que je fais ce jour pour moi mais aussi pour une voisine âgée et pour une maman solo dont les enfants ne sont pas les bienvenus en magasin.
Il est là dans l’exaspération qui gagne Gabrielle à la vue des semaines des semaines de confinement à venir. Elle n’a jamais imaginé que cela serait si long.
Il n’est pas là dans les résultats négatifs de ma fille au test de dépistage.
Jour 12
Samedi 28 Mars 2020
"Garder ma lumière intérieure"
Pour garder espoir quand certains sont malades
Pour penser et prier pour ceux qui affrontent le deuil
Jour 13
Dimanche 29 Mars
"Compter les jours"
Le 5e jour, celui où la maladie peut se déclarer après une contamination.
Le 8e jour, celui où la maladie peut s’aggraver après une phase où les symptômes semblent même parfois diminuer
Le 14e jour, celui où on est sauf en l’absence d’aggravations.
Et Nicole, ma tante, malade est à son huitième jour de fièvre à 39°.
Et nous sommes en confinement depuis 13 jours
Et ce matin Lucie m’informe dans un SMS le décès de sa maman.
En l'annonçant à Jean-François, mon mari, nous nous prenons dans les bras l’un de l’autre.
Nous sommes si démunis et impuissants, si tristes.
Jour 14
lundi 30 Mars
"Newton"
Il est partout où je suis.
Sur le bout de lit quand je m'y installe pour téléphoner.
Il est sur les chaises ou à même la table quand je suis en cours de travail sur mon ordinateur.
Il est dans le salon quand nous nous y retrouvons pour écouter les infos.
Il m'accompagne sur le balcon situé au nord où je vais étendre presque chaque jour le linge lavé.
La nuit venue, si la porte de notre chambre reste ouverte, il prend place de mon côté du lit, dans son panier, en ronronnant.
Il est notre part d'insouciance.
Je vous espère en bonne santé.
A l'heure de cet article ( J 32 ), c'est un temps curieux , plus apaisé pour nous ici.
Nous sommes en attente .
Agnès
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